samedi 26 septembre 2009

Ô rêve...

La chimère te hisse hors de la fange,
Elle t’éperonne et ton sang coule fluide.
Debout. Tendue vers tous les possibles.
L’horizon s’emplit de tes mirages.
Tout est plus lumineux là bas,
Loin des contingences ou des soumissions.
Là-bas, la vie est consentie,
Surprenante et idéale.
Tu t’arraches à ton fade présent,
Pour un instant, pour une nuit.
Qu’importent les histoires que ton imagination enfiévrée échafaude !
Elles ne sont que prétexte à te fuir.
Les yeux fixes, l’oreille close, tu es absente au monde,
Tu bascules de l’autre côté du miroir,
Consciente du subterfuge mais téméraire.
Parfois la griffe du remord fouaille ta détermination.
Les tiens méritent-ils ton indifférence et ta froideur ?
Dois-tu faire supporter à l’autre ton exil insensé ?
Alors tu parles, tu ris, tu agis.
Tu reprends pour un temps ton humaine défroque.
Mais ce n’est que ton double qui parade à ta place.
Tu te sers de lui pour entretenir l’illusion.
Ton moi véritable est à des années lumière,
Dans une existence choisie, sans cesse revisitée.
Là-bas, point de solitude, point d’incompréhension, point d’ennui.
De ton délire fuse l’orgasme.
De l’onirisme jaillit la plénitude.
Le rêve est ton feu d’artifices.
Il est puissance créatrice qui t’élève à l’égal des dieux.
Mais tu n’es jamais dupe.
Tu as conscience qu’il t’exclut du monde vivant.
Depuis ta tendre enfance il a plongé ses tentacules dans ton cerveau.
Chaque repli de ton cortex s’est nourri de sa substantifique moelle.
Le rêve est ta drogue.

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