mercredi 23 septembre 2009

L’homme tragique

Un jour, on ne sait quand, dans les steppes désertes,
Un être se dressa, fragile et maladroit,
Par-dessus les bruyères, pour mieux chasser sa proie.
Que n’a-t-il pas compris qu’il courrait à sa perte !
Il était pur alors, intégré au cosmos,
N’ayant pour objectif que celui de survivre,
Bête parmi les bêtes, il n’avait pas d’ego,
Pas d’ambition malsaine, pas de conduite à suivre.
L’œil rivé sur le sol, à grappiller les restes
Que les hyènes voraces voulaient bien lui laisser,
Il parcourait son monde et se laissait guider
Par l’instinct de survie qui commandait ses gestes.
Pourquoi crut-il soudain, ô orgueil insensé !
Que toute créature il pouvait asservir ?
A cet instant funeste il aurait dû périr
Car dès qu’il se dit roi, son sort était joué.
Toutes calamités qui ravagent la terre,
Guerres et rivalités, conflits de religions,
Tout ce qui avilit l’humaine condition,
Espèces sacrifiées, inventions délétères,
Naît de cette chimère dont l’homme se repaît :
Aucun être vivant ne lui est supérieur,
Et mater la nature ne saurait lui faire peur
Puisque partout il règne, puisque maître il s’est fait.
A force de subir, la nature se rebelle,
Toutes les forces vives entrent en coalition,
Les ressources s’épuisent, au pôle la glace fond.
Le climat se transforme, menace bien réelle
Qui fera tomber l’homme de son fier piédestal.
Bêtes qu’il a méprisées, plantes asphyxiées,
Regagneront la place dont il les a frustrées.
L’homme comprendra un jour qu’il ne mène plus le bal,
Mais il sera trop tard, son déclin imminent
Ne lui laissera pas le temps de s’amender.
S’il avait su jadis l’harmonie respecter,
Heureux parmi les humbles il serait à présent.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire